Quelle place pour le Christ dans ma vie

Quelle place pour le Christ dans ma vie?

Luc 2.7 ; Apc. 3.20

« Elle accoucha de son fils premier-né, l’emmaillota et le déposa dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle d’hôtes ». Ils me font toujours un peu pitié les enfants qui doivent jouer le seul mauvais rôle dans les saynettes de Noël traditionnelles : le rôle de l’aubergiste. Pourtant j’imagine que l’aubergiste de Bethlehem n’était pas nécessairement un méchant homme. Qu’en pouvait-il si son auberge était pleine ? Aurait-il dû renvoyer d’autres clients à qui il avait déjà attribué une chambre ? Ou passer lui-même la nuit à l’étable avec sa famille ?

Bien sûr s’il avait su qui étaient ceux qui frappaient à sa porte… ! Mais les anges n’avaient pas encore entonné leurs cantiques, et l’étoile de Noël ne s’était pas encore mise à briller au-dessus de la réception de son établissement. Et puis cette jeune femme visiblement prête à donner naissance à un enfant : Elle aurait sans doute besoin d’aide au moment de l’accouchement. « Non, je regrette, nous ne sommes pas équipés pour de pareils cas ! Nous faisons les choses comme il faut ou nous renonçons à nous en occuper. – …Quoi, à l’étable ? Bon, si vous voulez. Mais c’est sous votre propre responsabilité et nous ne pourrons pas autrement prendre soin de vous. » Compréhensible, sa réaction, non ?

« Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai la Cène avec lui et lui avec moi. » (Apc. 3.20) C’est ce que le livre de l’Apocalypse fait dire à Jésus. Aujourd’hui c’est à la porte de ma vie que Jésus vient frapper une fois de plus. Il voudrait entrer chez moi, partager avec moi le pain de vie et étancher en moi cette soif infinie qui m’habite sans que je sois en mesure de dire exactement ce qui me manque. Il voudrait dissiper tout ce qui en moi demeure nébuleux, aplanir tout ce qui reste bossu, simplifier toutes mes contradictions et mes ambivalences. Il voudrait donner à ma vie une force, une lumière, une légèreté, une joie toute nouvelle. Il se tient à la porte et il frappe. Discrètement, il est vrai. Vais-je l’entendre en ce temps de Noël ?

Déjà j’allais lui dire « oui » et lui ouvrir la porte. Mais ai-je bien réfléchi ? Y a-t-il vraiment encore de la place pour lui dans ma vie ? Un simple coup d’œil dans mon nouvel agenda pourrait bien m’en faire douter : en plus de ma famille, de ma profession, de mes hobbys où prendrai-je encore le temps pour Dieu, pour le Christ, pour la prière, pour la religion, pour l’Eglise ? Je voudrais-bien, mais je ne vois pas comment lui offrir plus qu’une toute petite place quelque part dans une annexe de ma vie. Tout est déjà au complet ! « …et le déposa dans une mangeoire, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans la salle d’hôtes. » – « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte,  j’entrerai chez lui » et j’apporterai la lumière et la vie déjà dans ce tout petit endroit de sa vie qu’il m’offrira.

« Si tu veux bien te contenter de cela, alors entres ! » N’ayons crainte, Jésus n’entrera pas par effraction dans les domaines de notre vie que nous ne voulons pas lui ouvrir. Il se tient à la porte et il frappe. Il est vrai qu’il frappera également à des portes auxquelles nous préférerions ne pas lui donner accès. Parce que nous prétendons qu’il n’y connaît rien dans ces domaines. Mais soyons honnêtes – tout est-il vraiment pour le mieux dans le monde de la politique ou de l’économie par exemple? Les guerres en Ukraine ou au Proche-Orient, le réchauffement climatique, la corruption, les milliards qui s’accumulent pour les riches alors que d’autres meurent de faim ou de froid : Nous entendons-nous vraiment tellement mieux à ces choses que le Christ ? Jésus se tient à la porte et il frappe. Si nous lui ouvrons la porte, il entrera là aussi. Il y apportera sa lumière et sa vie. Cela pourrait alors nous amener à bien des changements. Mais cela apporterait aussi plus de justice et plus de paix pour tous. Même pour les privilégiés que nous sommes.

Mais peut-être mon problème n’est-il pas tant que je n’ai plus de place libre dans mon agenda ? Peut-être même est-ce le contraire ? A cause des forces qui en moi diminuent, à cause de mes problèmes de santé ma vie est peut-être, au contraire, devenue vide et monotone ? Peut-être ai-je l’impression de ne plus servir à rien ? Alors d’autant plus ouvrons toute grande aujourd’hui la porte de notre vie à Jésus. Nous découvrirons alors que nous pourrions utiliser notre temps pour écouter les soucis de nos proches, d’avoir du temps, beaucoup de temps pour eux, par exemple. Beaucoup de temps aussi pour prier peut-être ? Alors profitons-en aujourd’hui : Ouvrons toute grande à Jésus la porte de notre cœur, la porte de notre vie. Il entrera et il apportera à notre vie une lumière, un sens et un goût tout nouveau.

« Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai la Cène avec lui et lui avec moi. » Selon son désir, nous allons maintenant célébrer cette Cène en sa présence. Dans ce repas, Jésus nous assure une fois de plus, aujourd’hui, qu’il est prêt à entrer dans notre vie et à en faire sa demeure. Que ces signes de sa présence nous encouragent aujourd’hui à vraiment lui ouvrir la porte de notre cœur pour qu’il puisse naître et grandir toujours plus en nous et dans notre monde.

Amen.

Lucerne, le 15 décembre 2024 Claude Fuchs