CULTE LUCERNE 8-12-2024
Jeremie 23,1-4 Romains 8.33-39 Jean 10, 23-30
Moutons et bergers
Ce matin, pour le 2ème dimanche de l’Avent, je vous propose un message sous forme de confession. Il y a 25 ans que j’ai commencé mon ministère à Lucerne, alors avant Noël, c’est peut-être le moment (de me confesser) !
Rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu. Voilà une phrase de Paul qui nous illumine comme un phare au bord d’un monde enténébré !
Quand nous traversons le Jura entre Vallorbe et Lons-le-Saunier, très souvent quelques troupeaux de moutons paissent ça et là entre deux forêts. C’est chaque fois un spectacle bucolique et apaisant.
Ça fait du bien !
Rappelez-vous le beau livre de Marcel Imsand: « Luigi le berger » (2004). De magnifiques photos de moutons et de brebis accompagnées d’une poésie réconfortante.
L’image du mouton et du berger apparaît souvent dans la Bible, image d’une heureuse relation entre l’homme et l’Eternel… par ex. le Psaume du bon berger, le centième ! « Reconnaissez que le Seigneur est Dieu, Il nous a créé et nous sommes à Lui, Son peuple est le troupeau de Son pâturage ! »
Dans le texte d’aujourd’hui, c’est un peu différent: les bergers dont il est question sont des pasteurs, des prêtres, des conducteurs spirituels de communautés.
Quand nous nous trouvions au Lesotho, avant notre retour en Europe, la cheffe du village où je travaillais m’avais donné un bâton de berger:
Un beau symbole de la responsabilité qui incombe au chef de village !
Par déduction, cela signifiait pour moi que ma responsabilité dans mes futurs projets ne devait jamais me quitter. A l’époque, je n’étais pas encore pasteur !
Cependant, ce matin, avec le texte de Jérémie, j’en prends pour mon grade, Dieu n’est pas tendre avec les bergers. Je cite: » Les bergers qui dirigent mon peuple détruisent les moutons de mon troupeau et les laissent partir de tous côtés » ou les laissent s’égarer…
L’Eternel précise même: « vous avez laissé mon troupeau à l’abandon. »
Ce n’est pas seulement de l’indifférence, du laisser-aller, de l’incompétence, c’est carrément voulu ! Les bergers refusent la vocation qu’ils ont reçue.
Au lieu de rassembler, ils dispersent !
Alors ce matin, qu’est-ce que je fais de cela ?
Moi, à priori, je suis là pour rassembler les brebis perdues, pour qu’elles soient nourries, en tous cas, spirituellement.
Donc j’ai de la peine à m’identifier avec ces mauvais bergers dont parle Jérémie.
Bien sûr, nous les ministres ou les pasteurs, nous ne sommes pas parfaits ! Alors, comment dois-je comprendre ?
Je comprends que c’est plutôt une piqûre de rappel de la part de Dieu qui me dit : Attention, fais gaffe, tu es berger, tu as des devoirs. N’oublie pas à quoi je t’ai appelé. Prends soin des brebis que je te confie.
Enseigne, rassemble, écoute, accompagne… Oui j’ai des responsabilités et je dois les assumer.
Alors je devrais faire mon mea culpa…
Mais, vous me connaissez, je ne vais pas changer de si tôt.
Et à mon âge ??? Je sais que je n’ai pas la langue dans ma poche, autrement je ne serai pas pasteur !
Enseigne, rassemble, écoute, accompagne…
Voilà une histoire qui explique un peu mieux ce que Jérémie veut dire:
Il y avait une fois à Berne ou New-York ou Canberra… deux pasteurs dans une paroisse, deux pasteurs mariés avec de beaux enfants. Et puis un jour, l’un des pasteurs est sorti avec la femme de l’autre. Il a divorcé et laissé ses gamins à la charge de son ex. et lui et la femme de l’autre sont partis convoler vers de nouveaux horizons.
Comment voulez-vous ensuite qu’un tel pasteur bénisse encore des mariages ???
Pour moi il y a des choses qui ne se font pas, mais, en même temps, qui suis-je moi, pour juger autrui.
JE ME SOUVIENS DE Jésus qui a dit : » que celui qui n’a jamais péché jette la première pierre ! »
Voilà une situation avec laquelle j’ai été interpellé, dans laquelle, je me suis trouvé…
Et j’extrapole : la situation dans laquelle nous nous trouvons tous aujourd’hui !
Dans chaque paroisse comme dans chaque couple il y a, à un moment donné, des choses de la vie qui nous dépassent, de nouvelles circonstances qu’il faut apprivoiser.
Ce n’est pas facile et ce qui est encore moins facile, c’est de trouver la bonne parole qui apaise, qui permette de construire ou reconstruire des ponts au lieu de murs.
Oui, c’est ma vocation et mon travail : Promouvoir la paix, en lieu et place de l’amertume.
Je ne crois pas que j’ai toujours réussi, mais c’est à quoi je rêve.
Alors j’aimerai terminer par cette prière du pasteur :
Oh Seigneur, la moisson est grande, mais les moissonneuses peu nombreuses !
- Un pasteur : Personne ne sait, ce qu’un pasteur entend, ce qu’il voit, les secrets qu’il doit garder, les tentations qu’il rencontre, les larmes qu’il verse, le chagrin qu’il endure, la solitude qu’il gère, l’amertume qu’il éprouve !
- Comment il essaie de vivre plus qu’humain, malgré le manque dont il souffre, les accusations qu’il doit faire taire, les attentes auxquelles il s’efforce de faire face…
- Un pasteur est vivant pour Dieu, mais il vit pour vous. Le mot ‘PASTEUR’ est un mystère, le PASTEUR lui-même est un mystère, il est parfois incompréhensible !
- Donc tout ce que pouvez faire, c’est de prier pour lui, car UN PASTEUR MALHEUREUX est un DÉSASTRE pour l’EGLISE de DIEU…
Mais ce n’est pas mon cas, alors MERCI Seigneur… Amen