Prédication du culte du centenaire de l’EFL

JONAS, la fuite ou la foi

Jonas 1,1-10 + 15 ; Jonas 2, 1-11, Mt 12, 38-42

Jonas met les voiles ! Dans la vie certains affrontent, d’autres fuient.

J’ai un ami à qui l’on vient d’annoncer qu’il a une tumeur.

J’ai partagé avec lui le premier choc du diagnostic et les perspectives d’une chimiothérapie…

Accepter ou fuir ? Tel est le dilemme de Jonas.

Dans le cas présent, il vaut mieux suivre les recommandations du médecin… Commencer une chimio !

Quoique… j’ai connu les cas de deux dames plus ou moins proches : chez les deux on avait diagnostiqué un cancer du sein. L’une s’est fait soigner par un traitement très pénible : chimio + rayons + le reste. Elle est quand-même morte quelques mois plus tard ! L’autre ne s’est pas fait soigner, elle a vécu encore pendant dix ans !

Accepter ou fuir ? Tel est le dilemme de Jonas.

Lui, ce n’est pas un verdict cancéreux qui le terrasse, mais un appel de l’Eternel, qu’il refuse !

Jonas ne va pas faire comme s’il n’avait pas entendu. Non, il va fuir par le premier bateau venu, parce que, au contraire, il a bien entendu la demande de l’Eternel !

Et là, j’ouvre une parenthère : L’Eternel nous laisse merveilleusement libre. Dieu appelle mais ne nous force pas. Il ne force aucun de nous.

Amis qui m’écoutez, tant de chemins s’offrent à notre liberté : chemin d’acceptation ou chemin de révolte, face à la maladie, face à la haine, face à l’injustice… Chemins qui finissent trop souvent dans des pleurs !

Il y a nos chemins et les chemins de l’Eternel. Certains ne se rejoindront jamais. D’autres se croiseront un jour… On parle de la croisée des chemins ou, pour moi, de la croisée des destins !

D’ailleurs la foi naît à l’instant où l’on croise le chemin de Dieu…

Alors que fait-on ? On prend la foi ou on prend la fuite ??? Comme Jonas !

Mais dites-moi, l’histoire de ce petit prophète est-elle sérieuse ?

Jésus s’y réfère le plus sérieusement du monde dans l’évangile de Matthieu : Le sens de sa parabole est aussi profond que l’océan !

Et le coup du poisson ? ça ne vous titille pas un peu, tout de même…

Pour moi, pas vraiment : le Créateur fait bien vivre un enfant 9 mois à l’intérieur d’un ventre humide. Alors pourquoi pas trois jours dans le ventre d’une baleine. D’ailleurs pensez au créateur de Pinocchio : la baleine est tellement grande qu’il a trouvé une salle à l’air libre dans le ventre du monstre, où il peut même faire du feu !

Mais revenons au thème de la fuite : Voilà donc un homme qui fuit, le plus loin possible de Dieu. Il me fait penser à ceux qui ne veulent rien connaître d’autre que leur liberté personnelle, soi-disant liberté, devrai-je dire, car souvent cette liberté, à laquelle ns sommes tellement attachés, nous entraîne sournoisement dans un travail fastidieux non désiré, ou dans une compétition qui nous emprisonne plusieurs fois par semaine, puis dans l’alcool, dans les plaisirs futiles, voire dans la violence…

Aujourd’hui on peut même fuir dans le virtuel et pire, dans l’indifférence spirituelle…

J’ai eu dit à des catéchumènes : « Je comprends que le dimanche matin vous n’ayez pas envie de venir au culte, parce que, après une semaine harassante, vous n’avez qu’une envie, c’est de vous reposer. Mais si c’est pour partir faire les fous en vtt tout le dimanche et rentrer crever à la maison et, le lendemain matin dormir en classe sur les pupitres, alors autant venir écouter ce que l’Eternel a à vous dire ! »

Mes amis, quels que soient les alibis, cela s’appelle toujours une fuite !

Jonas court à Jaffa, trouve un bateau et embarque. Sur ce bateau, Jonas est ‘cool’ : il n’est ni resquilleur, ni passager clandestin. Il est en règle, même avec sa conscience. Aujourd’hui il aurait eu tous les certificats possibles : ticket d’embarquement, carte d’identité, de sécurité sociale, attestation de non-corona le fameux QR-code, de bonnes mœurs, etc…

« Oui, j’ai tout ça ! » dirait-il !

Au fond que peut-on reprocher à Jonas ? Rien…

sinon qu’il se trompe de sens, du sens qu’il donne à sa vie. En tournant le dos à Dieu, en ne voulant faire qu’à son idée, il est, comme beaucoup d’entre nous, magnifiquement sincère, mais mal embarqué !

D’ailleurs il n’est pas si bien que cela, Jonas, puisqu’il est descendu à fond de cale pour dormir et pourquoi dort-il ? Il dort pour oublier…

D’autres, ce matin, certains (parmi nous peut-être) seraient-ils aussi à fond de cale ? Pour diverses raisons ? Alors pour ceux-là le Seigneur auquel je fais allusion en ce moment, est non seulement celui qui nous laisse libre, mais il est surtout celui qui nous cherche, qui vous cherche…

Parce que notre Seigneur, le Dieu de Jésus Christ a toujours un plan pour nous comme Il l’a eu pour Jonas, pour tous les Jonas de tous les temps !

Je l’ai eu dit aux jeunes : on est libre d’aller où on veut, mais quand on préfère le chant des sirènes à la volonté de Dieu, on se retrouve souvent dans la tempête…

Et précisément la tempête se lève sur l’embarcation dans laquelle Jonas dort. Vous connaissez la suite… Les marins le balance par-dessus bord !

Et Jonas finit dans le ventre de la baleine.

Et, au fond de son poisson, Jonas lance une prière : « Au moment où la vie me quittait, j’ai pensé à Toi, Seigneur »…

C’est bien tard, mais ce n’est jamais trop tard !

Maintenant si nous pensons à nos situations à nous : hospitalisation, maladie, chômage, divorce, deuil…, il n’est jamais trop tard pour adresser une prière à l’Eternel !

Prenons un instant pour réfléchir sur notre église française qui a cent ans cette année. 100 ans, 1 siècle ! Vous avez vu la photo de 1934 de notre église. Combien de personnes sur la photo. 101 personnes à la sortie d’un culte, impressionnant, n’est-ce-pas ?

Il faut rappeler ici que, quand les choses ne vont pas bien, les gens retournent à l’Eglise. Et ce que j’ai appris, c’est que la période qui va de 1914 à 1945 (donc une période de 3 décennies) était catastrophique ! : d’abord la « grande guerre « , puis la grippe espagnole, puis le crash de 1929, puis la deuxième guerre mondiale.

Depuis 1946, année de ma naissance, la construction d’une Europe sans guerre n’est pas une mince affaire, et nous vivons depuis 76 ans chez nous en paix. Est-ce la raison pour laquelle nos enfants et petits-enfants ne vont plus à l’église ???

Cependant nous, les seniors, sommes toujours là, et bien là et c’est ce qui fait notre force, je l’espère, pour longtemps encore…

ALORS… faire une pose, se remettre en question, adresser une prière à l’Eternel… Comme Jonas…

Voilà ce que je vous propose ce matin !

Et j’aimerai terminer par cette prière de Nathan Söderblom, un des membres fondateurs du conseil œcuménique des Eglises :

« Seigneur, Tu es devant nous pour nous conduire,

Tu es derrière nous pour nous pousser,

Tu es au-dessous de nous pour nous porter,

Tu es au-dessus de nous pour nous protéger,

Alors sois en nous et notre vie rayonnera Ta joie [originelle] ! »

Quelle autre religion que le Christianisme nous accorde cela…

Merci Seigneur, Amen       …